Dans « Le Journal d’Aubel » du 14 avril 1962:

96 % DES ELECTEURS DE REMERSDAEL ONT DIT «N O N» AU
RATTACHEMENT DE LEUR COMMUNE A LA PROVINCE DE LIMBOURG

Le résultat magnifique du
référendum sur la question linguistique, organisé par le Comité de Défense, a
balayé d’un seul coup les moindres doutes que l’on pouvait encore avoir sur les
sentiments et
la volonté de notre population.

Comme un seul homme les
habitants de notre commune se sont élevés pour crier un «non» cinglant à tous
ceux qui espéraient encore un relâchement de la résistance et une opposition
moins nette au projet insensé de M. Gilson.

Ce résultat n’a rien
d’étonnant pour ceux qui connaissent notre population ; ses tendances, son
esprit de réalisme, sa fidélité à la province de Liège. Il a surpris seulement
ceux qui croyaient encore au Père Noël ou qui, étrangers à notre commune, prêtaient encore une oreille complaisante aux radotages séniles d’un
porte-parole d’une minorité minuscule, actuellement balayée.

96 % des électeurs de
Rémersdael se sont prononcés sans équivoque et en pleine liberté contre le
rattachement de leur commune au Limbourg et ils ont en même temps exprimé leur volonté
formelle de rester avec la province de Liège. Ce pourcentage se passe de
commentaires.

Deux cent cinquante
sept électeurs ont proclamé très
haut : «Nous ne voulons pas du Limbourg, nous restons fidèles à Liège». Onze seulement ont refusé de signer cette
déclaration qui pourtant ne demandait
rien d’autre que le statu quo auquel, eux aussi, prétendaient toujours vouloir
rester fidèles.

Quels sentiments les ont
poussés à se mettre ainsi au ban de notre communauté ? Esprit de contradiction
chez les uns, manque de réalisme chez les autres, convictions réelles chez deux
ou trois ?
Leur nombre est tellement minime que nous ne nous y attarderons
pas. Mais il nous plaît de leur dire
qu’ils ont pris sur eux une responsabilité lourde de conséquences. Dans leur monstrueux
égoïsme eux, qui n’avaient pas charge d’enfants, ont refusé froidement de
prendre en considération l’avenir de notre jeunesse menacé par cette annexion.

96 % ! Dans une démocratie
digne de ce nom, dans une démocratie ou liberté et droits de l’homme ne sont
pas seulement des mots, la question serait déjà réglée et on ne parlerait plus de ce rattachement insensé. Car, franchement, dites-nous, que reste-il
encore comme arguments à opposer à un tel raz-de-marée.

Mais sommes-nous encore en
démocratie ? Qu’on nous permette d’en douter.

Car contre l’avis des
autorités communales et provinciales, contre la volonté déjà clairement
exprimée par l’immense majorité de la population, on continue et on continuera
à vouloir réaliser cette annexion monstrueuse et à vouloir nous imposer une
langue dont nous ne voulons pas comme langue
maternelle et dont nous voudrons encore moins à l’avenir, si un jour on tentera
de nous l’imposer.

Car, qu’on le sache bien,
malgré tout ce que l’on pourra faire, jamais Rémersdael ne deviendra flamand.
Bien au contraire. Et les protagonistes de ce rattachement, ceux qui s’étaient
jurés de faire disparaître la langue française de notre commune, se sont
lourdement trompés.

Us sont parvenus à soulever
la population unanime contre tout ce qui est flamingant, ils ont semé
la haine, ils ont découragé ceux qui étaient pour la défense des deux langues
dans notre région, ceux qui croyaient à un développement harmonieux et pacifique
des deux cultures dans notre commune. Et nous ne craignons pas de dire que nous
étions nombreux à caresser cet espoir.

Et nous voudrions pouvoir
nous adresser une dernière fois aux flamands de bonne volonté et nous sommes
toujours persuadés qu’ils sont légion. Nous voudrions
leur dire qu’on n’impose pas une
langue à un peuple si petit soit-il. Le Belge n’a jamais plié devant le «Diktaat». L’Allemagne impériale n’est
jamais parvenue à extirper l’esprit wallon et la langue française de la région
de Malmédy. La Flandre ne parviendra jamais à flamandiser notre population.

Qu’on nous rattache au
Limbourg, et nous y créerons un îlot francophone. Les parents parleront le
français avec leurs enfants, nos élèves fréquenteront des écoles d’expression
française dans
notre commune ou dans les villages
voisins. Nous organiserons une propagande acharnée en faveur de l’extension de
la culture française dans notre village et dans quelques années Rémersdael sera entièrement francisé.

Et il ne restera plus au
gouvernement qu’à dresser un mur, comme un certain M. Ulbricht l’a érigé à
Berlin, et à M. Gilson à le faire garder par ses gendarmes.

Le
Comité de Défense de Rémersdael.

Ce texte est de 1962, comme indiqué ci-dessus. Les 257 électeurs qui avaient dit « OUI » sont morts ou ont plus de 72 ans. Les 11 électeurs qui avaient dit « NON » sont probablement tous morts. Les Rémersdaelois d’aujourd’hui ne sont malheureusement plus les mêmes. On ne peut même pas dire qu’ils ne respectent pas les promesses et engagements de leurs parents. « On » a fait partir les familles de l’époque et « on » les a remplacées.